Une personne portant une robe verte florale effectue un saut sur un pont rouge par une journée ensoleillée.

Dans l’imaginaire collectif, le photographe est souvent perçu comme celui qui saisit, ou vole le reflet de l’autre pour, la plupart du temps, le magnifier. Il en va de même lorsqu’il s’agit d’un lieu ou d’un espace où, la première idée est qu’il restitue fidèlement ce qu’il a vu. Cette vision binaire me semble pourtant réductrice. On ne peut faire abstraction de la psychologie du créateur d’images… Proposez à deux photographes de travailler sur un même sujet, et vous serez frappé par la divergence de leurs regards : là où l’un voit la lumière, l’autre perçoit l’ombre ; là où l’un capture l’évidence, l’autre traque l’insaisissable.

C’est précisément en cela que réside, selon moi, la véritable essence de la photographie : elle n’est jamais neutre. Chaque photo porte l’empreinte de son auteur, une inflexion intime, souvent inconsciente, qui transforme le réel en matière sensible. Ce dernier devient alors le tremplin d’un imaginaire, le support d’une narration singulière.

Xavier Alexandre Pons illustre avec force cette approche. Sa personnalité complexe, traversée de tensions et de nuances, infuse chacun de ses clichés d’une densité émotionnelle rare. Son œuvre n’est pas simple reproduction du monde visible, mais réinvention constante… un miroir déformant d’un univers intérieur en perpétuelle construction.

— Michel Giliberti