Cette série n’est en rien partisane, je ne suis personnellement ni pour les extrémistes palestiniens et israéliens. Le sujet est complexe et dépasse mes compétences.
Elle relève moins du journalisme, au sens médiatique, que de l’observation du phénomène au sens de la phénoménologie. Je me suis volontairement placé en retrait et en observateur, tant physiquement qu’intellectuellement (comme on peut le voir très nettement dans cette image) et mis ma sensibilité photographique au service d’une subjectivité objective. J’ai voulu, dans cette série, tenter de montrer le décalage entre l’objectif premier de l’événement et le décorum qui finalement dilue la réalité et la bouleverse, de ce décalage entre ce qui est et ce qui devient. Ce qui fait le fond et l’origine d’une situation et qui par l’entrechoquement de la réalité présente, bouleverse cet événement même, par les affects, les sentiments, les comportements esthétiques et les égos médiatisés. Ce qui fait qu’au départ tant de gens se mobilisent pour une chose commune et qu’au final découle une myriade d’individualités influencées. Tel le scientifique qui, rien que par sa présence peut bouleverser l’issue de son expérience, j’ai moi-même senti que par ma présence le comportement des manifestants tendait à se modifier. J’ai observé que la présence des médias officiels et non officiels influençaient. Que les médias étaient plus en attente d’un événement dans l’événement (« sensationnel » si possible) et perdaient du coup le sens premier de ce rassemblement. Que certains jeunes par la présence des journalistes, se sentant regardés, changeaient leurs comportements.
Ces images tentent donc de poser la question de la réalité altérée.
Xavier-Alexandre Pons